Janvier 2014, Saint Lucia, Rodney Bay 

carte

  Nous profitons de quelques jours de congé pour lever l'ancre ou plutôt larguer les amarres sous le regard attentif de nos voisins de ponton. Ce lundi après midi il y a beaucoup de vent dans le port et cela dure depuis trois mois. Le propriétaire du catamaran amarré à droite de Nemo de Marine m'a autorisé à passer une amarre traversière sur un de ses taquets, elle nous maintiendra dans l'axe du départ le temps de larguer la pendille à la proue. Une petite accalmie dans les rafales, J.M. et V. larguent nos aussières arrières et nous quittons le ponton.
Nous allons jeter l'ancre à la sortie du Marin devant le bourg de Sainte Anne afin de tester le nouveau moteur hors-bord. Nous avons revendu l'ancien yamaha de 15cv (38 kg) trop lourd à mettre en place sur l'annexe.

  Après la nuit au mouillage nous levons l'ancre au petit matin pour traverser le canal de Sainte Lucie. Le temps est beau et les alizés modérés sont stables, les quelques rafales ne dépassent guère 25 nœuds ce qui nous permet de naviguer tranquillement une fois les voiles réglées. Après deux heures de navigation nous arrivons à notre way-point "mi-route". Je descends pour renseigner le journal de bord et je constate que les fonds du voilier sont remplis d'eau !

cale

Comme il se "doigt", nous la gouttons pour savoir s'il s'agit d'eau douce ou d'eau de mer. Nous n'arrivons pas à déterminer si elle vraiment salée ou non. Il nous reste trois heures pour rallier Sainte Lucie. Nous envisageons la fuite d'un passe-coque car notre vanne d'entrée d'eau de mer pour le refroidissement moteur nous avait semblé "humide" la veille.

shadok

Nous craignons de devoir sortir le voilier à terre pour réparer aussi nous décidons de retourner à Sainte Anne pour rechercher l'origine de cette inondation. Dans le cockpit Renée met le pilote et passe en version shadok* pour élimer un maximum d'eau. Nous constatons finalement que la tape de visite du tank d'eau douce avant est fêlée et qu'avec les mouvements du bateau et la gîte une partie de notre réserve d'eau s'est déversée dans le voilier. Une fois au mouillage commence donc une séance de démontage des planchers pour assécher les fonds de l'eau qui n'a pu être évacuée avec la pompe manuelle. Une fois les fonds bien asséchés et ventilés nous remontons le puzzle du plancher.

barre

  Pour ne pas gâcher nos vacances (il reste suffisamment d'eau pour le pastis) je fais appel à sikaflex, toujours en avoir à bord ! La tape fautive est mastiquée et étanchéifiée. Une nouvelle nuit au mouillage en face de Sainte Anne, et un nouveau départ. Les conditions de navigation sont un peu plus musclées que la veille mais le voilier tient bien sa route avec Renée à la barre. Nous faisons route parallèle avec quelques voiliers qui descendent également vers le sud. Nous avons mis nos harnais, plus par sécurité que par besoin.

pavillon

En vue de la pointe nord de Saint Lucia nous hissons le pavillon de courtoisie aux couleurs de l'île.
  Nous mouillons dans la rade de Rodney Bay en tout début d'après midi. Nous prenons le temps de manger puis nous nous rendons à la marina pour accomplir les formalités d'entrée. Nous passons à la banque pour retirer des "East Caribbean Dollars" EC$ prononcer "i ci", cette monnaie est commune à plusieurs îles anglophones des caraïbes. Nous nous rendons ensuite aux services de l' immigration qui sont regroupés dans le même bâtiment que la capitainerie ce qui va faciliter nos démarches.
Nous remplissons le formulaire en plusieurs exemplaires (avec carbones) qui va nous autoriser à séjourner à Saint Lucia. Comme nous ne restons que quelques jours le douanier nous permet de faire notre clearance d'entrée et de sortie en même temps. De cette façon nous n'aurons pas à revenir faire de la paperasse avant notre départ. Le formulaire dûment renseigné, corrigé (quelques termes d'anglais technique nous ont échappé) et visé par la douane nous passons au bureau de l'immigration pour les visas puis à la police qui nous ponctionne de 30 EC$, soit 10 euros environ, avec un reçu.

rodney

  Les formalités accomplies nous allons nous poser à la terrasse d'un bar pour déguster une bière locale "piton" et un coca "no glass" ! devant l'air ahurie de la serveuse ce sera finalement un coca "no ice". J'ai oublié de le dire, mais ici, fonctionnaires ou vendeurs, personne ne parle le français. Après une petite promenade au cœur de la marina nous rentrons sur le bateau. Nous sommes loin de la carte postale "antilles" mer bleu et claire, le vent souffle en rafale dans la baie, la mer clapote et le bateau suit le mouvement.

  Le lendemain jeudi nous redescendons à terre. Les plages sont accaparées par les hôtelleries de luxe. Nous amarrons notre annexe au nord de la baie, au ponton des pêcheurs devant le restaurant "la jambe de bois" et nous partons à la découverte de Pigeon Island. Le Fort Rodney est érigé sur une des collines situées dans un parc national. Le chemin qui mène jusqu'aux ruines passe devant la demeure abandonnée de Josset Legh, un personnage britannique dont "l’hospitalité, le charme et le style font partie des légendes de Pigeon Island"

pigeon

Le fort domine la baie. Au sud, le paysage de l'île est hérissé de pitons. Nous faisons une balade dans le parc avant d'aller déjeuner à "la jambe de bois". L'ameublement du restaurant a été réalisé en partie avec du bois flotté. La clientèle est essentiellement constituée d'américains en escale. Le repas créole constitué de poisson, riz et choux est bon, sans plus. Il y a toutefois de nombreux choix de salades. Une petite bibliothèque est aménagée dans un angle du restaurant. Les murs sont décorés d'œuvres d'artistes locaux. Sur l'eau, des vendeurs ambulants dans une petite barque portant de nombreux pavillons proposent des fruits et des babioles aux plagistes.

Vendeur      cR      cR

  Vendredi nous déplaçons le voilier vers un mouillage plus au nord de la baie puis nous nous rendons au sud de la marina où sont regroupés les centres commerciaux. Les magasins dans les galeries commerciales offrent des marchandises duty free. Tout est très coloré et très propre. Nous faisons un peu de shopping mais les produits sont plutôt chers et visiblement réservés aux touristes. D'ailleurs la population locale brille par son absence hormis les employés en uniformes.

centre c

  Les seuls moyens de paiement autorisés sont la carte bancaire, les dollars américains et les EC$ à l'effigie de la reine Elizabeth II. Les iouros (€) ne sont pas arrivés jusqu'ici. Nous faisons une promenade jusqu'aux plages avant de récupérer notre annexe laissée en gardiennage, contre pourboire, pour rentrer sur le voilier.
  Samedi nous mettons les voiles pour remonter vers la Martinique. Le beau temps est toujours au rendez-vous. La houle est régulière, les vagues nous secouent un peu mais nous avançons bien. Nous naviguons au milieu de bancs de petits poissons volants. Impossible de sortir la ligne de pêche car les oiseaux nous accompagnent et plongent sans cesse pour le festin. J'ai bien peur que ma pieuvre factice ne soit une proie bien facile pour ces becs voraces. Nous attendons donc patiemment leur départ pour dérouler la ligne mais se sera sans succès. Avant le départ nous avons fait quelques conserves qui nous seront bien utiles.
  Les 22 milles d'eau salée qui nous séparent de la Martinique sont parcourus plus rapidement qu'à l'aller. Nous mouillons à Sainte Anne, nous avons prévu notre retour au port du Marin le dimanche matin.

soleil

  De retour à quai nous ne pouvons résister à l'appel des frites . A peine le voilier (partiellement) rangé nous nous attablons au Mango Bay, au bout de notre ponton, pour un repas copieux dans ce resto posé sur pilotis. Nous papotons avec nos voisins de ponton qui n'ont pu sortir pour des raisons techniques. Nos amis Canadiens (et Québécois) nous offrent une boîte de sirop d'érable rapportée du Canada par leurs enfants. Ca sent déjà les crêpes.
J.M. me raconte qu'il a eu le même problème de fissure sur le plexiglas de la tape de visite de sa réserve d'eau douce et que c'est un défaut connu de ce type de voilier, je suis content de l'apprendre !
Puis vient le temps de charger les mules pour rentrer à la maison, vidage du bateau, linge, reste de frigo, petits bricolages à finir avant le prochain départ...

* "et les shadoks pompaient ..."

Pour finir, Loul m'a rappelé cette "citation":

"Qui écoute trop la météo , reste au bistrot !"

 


La suite...

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