Premières vacances sur Nemo de Marine 

Les signes

 Après un inventaire précis de nos besoins pour notre petite sortie, nous procédons au rangement des victuailles dans les fonds et les équipets du voilier. Chaque chose à sa place, il faut dire que le pied de pilote de vivres approche les +20 jours. A force d'allers-retours les cales sont pleines. Nous nous sommes d'ailleurs tellement préoccupé de l'équipement du bateau et des vivres que nous avons zappé les appareils photos !
Avant le départ quelques petites réparations sont encore nécessaires, la veille, le robinet de la cuisine amorce un début de fuite. Un peu de plomberie va nous changer des travaux d'électricité et de mécanique. Le calcaire bloque tellement le mécanisme qu'il faut utiliser l'outil ultime, le coupe boulon, pour cisailler les tuyaux et extraire le robinet avant d'en remonter un neuf.
La grand-voile est révisée, les coutures sont refaites et elle n'attend que retrouver sa place. Le vent qui souffle dans le port nous incite à la patience. Un matin où les rafales semblent faiblir nous nous lançons dans la manoeuvre de montage. L'acalmie est malheureusement passagère et montage sur l'enrouleur du mât s'avère très difficile car il faut la déployer entièrement. J.M. et V. nos vis à vis de pontons (qui ont le même problème pour le montage de leur génois) viennent spontanément nous prêter main forte pour la hisser dans le mât puis pour l'enrouler dans le celui-ci.
Pour les vacances de Renée, nous pensons remonter dans le nord et de profiter des anses tranquilles de la côte ouest de la Martinique pour peaufiner nos manœuvres de mouillage et de prises de coffre (bouées). Nous envisageons un passage vers la Guadeloupe avec une étape à la Dominique pour le vendredi 10 janvier car la météo semble favorable.

Les signes

La sortie sera mise à profit pour établir un langage "homme/femme" (no comment) et communiquer facilement, sans anbiguité, car il n'est pas toujours facile d'entendre correctement son équipier dans le bruit du moteur, du guindeau ou du vent. Dans ce cas la gestuelle est plus pratique que la voix.
Nous mouillons d'abord à Sainte Anne puis à l'Anse Chaudière, au sud de l'Anse D'arlet. Les prises de bouées par l'avant s'avèrent difficiles car notre proue est haute sur l'eau et il faut des talents de cow-boys(girls) pour accrocher l'anneau. Nous optons donc pour la méthode "solitaire" en saisissant la bouée par l'arrière car le voilier possède une jupe qui permet cette manoeuvre. Il suffit ensuite de ramener l'aussière à l'avant avec l'aide du vent.

annexe

Dans la baie, Renée s'essaye à la conduite de l'annexe qui est maîtrisée sans difficulté. Qui c'est qui va aller chercher les croissants pour le petit déjeuner ?
Le jeudi 9 nous remontons vers le nord de l'île. En cours de route le CROSS-AG lance un BMS qui signale un avis de grand frais sur la façade Atlantique avec des répercutions sur le canal de la Dominique. Les vagues de 3 mètres annoncées avec des maximales à 6 mètres ne nous inspirent pas vraiment. Nous poursuivons quand même notre route jusqu'à Saint Pierre bien que le mouillage devant cette ville n'ait pas une bonne réputation car il est très "rouleur".
Nous longeons la côte de la rade de Saint Pierre pour trouver un endroit où jeter l'ancre. Le mouillage est possible sur une bande très étroite et peu profonde qui borde la côte. Les fonds plongent ensuite très rapidement à 20 mètres. Après avoir tourné dans le port plutôt étriqué et encombré nous choisissons une zone au Sud de Saint Pierre, à l'Anse Latouche.

Renée

Comme la température de l'eau le permet une plongée pour vérifier l'ancrage n'est pas inutile surtout lorsque la météo annonce des vents forts. Comme nous nous y attendions, le mouillage est très rouleur et toute la nuit nous sommes à l'écoute du bout qui sert d'amortisseur d'ancre. Pendant les rafales l'aussière se tend et émet un craquement rassurant (si, si !). Nous avons largué le maximun de chaîne que la proximité de la côte nous permet et notre ancre BRITANY de 20kg est bien crochée dans le sable. Le lendemain comme le temps est toujours mauvais même en mer caraïbes nous redescendons vers le sud, où, il paraît, il va faire "beau".
Au large de la baie de Fort de France nous essuyons des rafales qui dépassent les 40 nœuds. Les vagues ne sont pas vraiment fortes de 1,5 m à 2 m mais la mer est agitée et les rafales soudaines et violentes. Nous avons enfilé nous blousons et nous croisons dans le même temps un voilier sous pavillon anglais. Malgré une forte gîte l'équipage est en maillot de bain, le beau temps pour les britishs alors que ceux qui rentrent dans le port portent les harnais !

Renée

Nous faisons une nouvelle escale, au calme, à l'Anse Chaudière. Nous descendons nous dégourdir les jambes et déjeuner au bourg d'Anse d'Arlet. Le restaurant "Le Littoral" offre une excellente cuisine antillaise. Au menu fricassée de lambi et vivaneau grillé avec légumes pays, ignames, patates douces, bananes plantains, giromon et la fameuse sauce chien.
Le retour au port a lieu le mercredi. Un petit incident matériel nous permettra de faire la connaissance d'un couple de Canadiens propriétaires d'un lagoon 52, catamaran de 16 mètres de long qui domine notre pont de près d'un mètre, le fly bridge (poste de barre) est à la hauteur d'un phare. Résultat un petit accroc d'une quinzaine de centimètres sur du gelcoat (combinaison éole/Bénéteau) et l'occasion d'offrir l'apéro à nos nouveaux amis du Québec, ainsi qu'à nos sympathiques voisins de ponton (qui attendent toujours de monter leur génois). Finalement, chacun invite son voisin et la semaine se termine sur une note salée. Nous avons décidé de louer le bout du ponton, rien que pour les trois voiliers... ah ! les pontons.

Mais pour ceux qui pensent que nous nous la coulons douce, après les clairs de lunes sublimement paisibles, il faut maintenant faire le grand ménage et dessaler le voilier, rincer à l'eau douce tous les endroits ou le sel peut s'infiltrer et faire des dégâts...

Pour finir, deux citations que je n'ai pas su départager :

« Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. »
de Guillaume le Taciturne.
« Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie. »
de Johann Wolfgang von Goethe.

 


La suite...

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