Puerto Rico, Puerto Patillas 

Mercredi 3 juin, nous naviguons au portant vers Puerto Rico, 12 nœuds de vent. Les voiles sont en ciseaux, le génois sous tangon. Route plein Est pour un petit bord. Le vent tombe doucement et il faut se décider à mettre le moteur pour aller plus au Sud. Notre attention se porte alors sur les casiers de plus en plus nombreux et les plaques de sargasses qui couvrent la mer.

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Après avoir passé le phare de Punta Tuna, en début d'après midi, nous contournons le récif de la Punta Viento qui déborde largement la côte pour rejoindre le mouillage de Patillas, d'Ouest en Est (pas de bouées vertes ou rouges). Nous avançons prudemment car la carte indique "lesswater reported / foul" (eau plus basse rapportée / erreur). Il n'y a que deux voiliers au mouillage. Nous jetons l'ancre devant Puerto Patillas.

Le lendemain jeudi nous descendons à terre. Les pontons sont en très mauvais état, soit il ne reste que les piliers, soit les planches sont peu engageantes. Nous accostons tout de même sur l'un d'eux. A un monsieur qui nous observe et dont le chien vient nous accueillir, je demande en espagnol si je peux amarrer l'annexe à cet endroit , il répond "si senor".
Nous lui demandons où se trouve la banque. Il nous répond : à Patillas. Nous sommes censés être à Patillas, non ?. Est-ce loin ? Une demi heure de marche dit ce monsieur qui propose de nous y conduire. Non merci pour 1/2 heure, nous y allons à pied.

 

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Bajo Patillas

Dix minutes après, sur la route, le même monsieur avec son pick-up sans âge et le chien sur le plateau arrière nous invite à nouveau. Cette fois nous acceptons.
Il nous explique que c'est dangereux d'aller à pied parce que les gens boivent. En fait, la ville se trouve à une belle distance , deux heures à pieds sans doute, du port de pêche qui s'appelle "Bajo Patillas" (Bas Patillas), ce que le guide nautique ne dit pas ! Il nous dépose devant le premier distributeur à carte. Nous remercions chaleureusement Luis de sa gentillesse.

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Un guichet de retrait et une banque plus loin nos cartes visas premier sont tout aussi gentiment rejetées. Nous entrons à la Banco Popular pour changer 250 €.
Après avoir attendu dans la file on nous dit de nous inscrire sur un registre et que nous serons appelés. Les gens qui font la queue viennent pour régler les factures, dollars en main.
Pour notre part nous attendons...
L'employée qui nous reçoit se présente, et nous également. Que souhaitons nous ? Des dollars. Elle demande un AiDi (ID : traduire un papier d'identité) , ça on connaît. Je lui donne mon passeport qu'elle ouvre sur la page d'un visa Comorien ou Américain sur lequel il y a ma photo mais pas ce qu'elle veut. Je récupère mon passeport pour le lui présenter à la page République Française, numéro de passeport, validité, etc etc.
Et c'est parti pour une heure de palabres, adresse, n° de sécurité sociale US que je n'ai pas évidemment, mais j'ai ma carte vitale. Bien entendu le nombre de chiffres ne rentre pas dans les cases. Appel au conseiller, on mettra une série de 9. Quel est le taux ? Et les billets, ils sont de quelle couleur ?…
Finalement elle disparaît avec nos euros et le passeport pour des vérifications, elle revient 20 mn plus tard. Entrés à 11h30 nous sortons à 13h10 avec les excuses pour le temps passé à réaliser cette transaction.
Bon, c'est fait, mais on fume un peu. La même opération à Trinidad avait pris 20 mn.

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Maintenant il s'agit de rentrer. Il n'y a pas de taxi ni de transport régulier hors zone urbaine à Puerto Rico. Nous nous rendons au Terminal de Transport de Carros qui existe pourtant bel et bien. Deux mini-bus attendent, presque face à face, un pour l'ouest, un pour l'est, ce qu'il nous faut. Nous demandons au chauffeur quand part son mini bus et si il passe à Puerto Patillas : si si il y va : à deux heures ... ou dans deux heures (en fait quand il sera plein...)
Nous décidons d'aller faire rapidement quelques courses en ville et nous trouvons un super marché très bien fourni, propre et bon marché. Nous ne nous chargeons pas trop car nous ne savons pas encore comment nous allons rentrer.
Nous sortons du super marché pour rejoindre le terminal et, surprise, sur la route principale, nous apercevons le mini bus qui est déjà parti. Après un signe au chauffeur nous sautons dedans bien contents de ne pas avoir loupé cette occasion.
Avant de rentrer au bateau, nous faisons une petite pause internet au bar restaurant "chez Kevin". Un grand ami des navigateurs... C'est le désert, pas un touriste à l'horizon et Kevin vient bavarder un moment avec nous.

Puerto Rico, Bahia de jobo

 

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Bahia de Jobos et la météo du jour (grib)

Samedi 6 juin, nous quittons Patillas pour la Bahia de Jobos. Nous laissons passer une averse avant de sortir de la baie pour faire route vers l'ouest. Nous longeons la côte sud de Puerto Rico. La météo est clémente, un peu trop même. Malgré un ciel plombé et très nuageux nous avons très peu de vent. Nous sommes dans la zone bleue du fichier grib. Heureusement nous évitons la pluie. Nous ne croisons pas d'autre voilier, nous passons non loin d'une barque de pêche, les pêcheurs sont en train de poser leurs casiers.
La monumentale centrale Machette émerge très haut dans la brume de sable qui jette un voile brunâtre sur la côte.
Nous mouillons derrière la barrière de Cayos de Barca devant la mangrove. Il y a un petit chenal par où les petits bateaux à moteur accèdent aux plages, côté mer.

 

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Mouillage dans la mangrove

Dans la soirée nous repérons des lamantins qui viennent respirer à la surface de l'eau. Ils replongent malheureusement trop vite pour que nous puissions les prendre en photo.

Dimanche nous entrons dans la baie de Salinas. Dans le chenal étroit et peu profond (non balisé) qui traverse la magrove nous croisons les bateaux à moteur des résidents qui sortent pour la journée. Tous ces bateaux naviguent en musique. Nous trouvons une place pour jeter l'ancre à l'entrée de la baie à l'est de la Cayo Mata, à proximité de la marina.

D'Eric Tabarly :

Naviguer, c’est accepter les contraintes que l’on a choisies. C’est un privilège. La plupart des humains subissent les obligations que la vie leur a imposées. Naviguer est une activité qui ne convient pas aux imposteurs. Dans bien des professions, on peut faire illusion et bluffer en toute impunité. En bateau, on sait ou on ne sait pas.

 


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