Avant de partir pour Antsirabe Nirina nous amène chez un artisan qui nous fait une démonstration de marqueterie. La scie pour découper les plaquettes de bois est constituée d'un ressort de matelas coincé entre deux petites planches pour le va et vient. La lame de la scie est fabriquée à partir des fils de fer récupérés dans la carcasse d'un pneu. L'artisan fait les dents de la scie au burin puis il aplatit le fer. Il nous montre les modèles de personnages, de zébus et baobabs qu'il a lui-même dessiné pour créer les paysages et scènes de la vie quotidienne. Ces décors se retrouvent sur les couvercles des boites porte-clés ou à bijoux. En quelques minutes il confectionnera un petit pendentif de deux cœurs imbriqués pour Renée.
Après avoir visité quelques boutiques à la recherche de ces fameuses boîtes dont la plupart représentent des scènes de Tintin et Milou, nous prenons la route vers Antsirabe.
Dans les villages que nous traversons les paysans sont occupés à la récolte et au battage du riz. Les bottes sont transportées à dos d'homme, sur des charrettes tirées par des zébus ou sur des chariots à mains. Les grains sont mis à sécher sur des nattes étendues au soleil devant les maisons. Les résidus servent à la nourriture des porcs ou pour cuire les briques. Le paille est mise à sécher pour faire du chaume destiné aux toitures des habitations. Sur les collines dominant la plaine et les village de nombreuses églises de briques, montrent l'influence des religions catholique, protestante ou adventiste. Depuis que nous avons quittés le Grand Sud les personnes dont nous croisons la route portent des chapeaux et des couvertures colorés qui nous font penser aux habitstibétains.
Dès l'entrée dans la ville d'Antsirabe nous sommes impressionnés par le nombre de pousse-pousse qui circulent dans les rues entre les voitures, les camions et les piétons. C'est le moyen de locomotion le plus utilisé dans cette ville.
Nous nous installons à l'hôtel Green park. Les bungalows sont répartis autour d'un petit étang dans un grand parc très fleuri. L’étanchéité des chambranles des portes et fenêtre laisse présager des attaques de moustiques. Heureusement le lit est équipé d'une moustiquaire.
Nous prenons notre déjeuner en ville au "pousse-pousse". Le décor du restaurant est dédié aux pousse-pousse. C'est donc assis dans des répliques des sièges de ces véhicules que nous mangeons un excellent repas, accompagné d'un petit vin local.
L'après-midi nous rejoignons Claudia qui sera notre guide pour la visite de Anstsirabe, que nous allons parcourir à pied. Claudia nous raconte l'histoire de la ville et nous mène dans une échoppe où sont tissées des nappes et des chemins de table en soie.
Le rez de chaussé de la maison abrite également une fabrique de maquettes. Un jeune homme fait la démonstration de fabrication d'une bicyclette avec des produits de récupération. Pour la roue, la jante est découpée dans une canette et formée sur le col d'une bombe aérosol. Après une soudure étain/bougie la jante est percée pour "tricoter" les rayons avec du fil de pêche repris sur le moyeu central, lui-même réalisé avec un morceau de gaine de frein. Le pneu est découpé dans un tube de perfusion périmé. Le reste du vélo est fait à partir de ferraille, de fil de cuivre et de bois pour la selle. Nous repartirons de la boutique avec un magniet représentant une 2cv.
Après une petite promenade dans les quartiers de la ville nous arrivons à une fabrique de papier antaimoro. L'écorce d'un arbre appelé localement avoha est broyée, bouillie au feu de bois et réduite en pâte malléable. Cette pâte est étalée sur un grand tamis de toile cotonné plongé en partie dans de l'eau. Une fois la pâte bien diluée et répartie sur toute la surface du tamis l'eau est évacuée. La couche déposée sur la toile est séparée en petites zones calibrées pour faire des cartes postales ou d'autres supports. A cette étape il est possible d'incruster des décors, souvent des fleurs, dans la pâte encore humide. L'ensemble de la toile est ensuite mise à sécher au soleil. Au fur et à mesure du séchage un ouvrier décolle le "papier antaimoro" sec.
Comme nous sommes de bons touristes pourquoi ne pas visiter la boutique des "six frères". L'atelier est spécialisé dans la fabrication des objets en corne de zébus. Bien sûr nous sommes conscient que la plupart des objets vendus dans les boutiques sont issus de la fabrication industrielle. Cela ne nous empêche pas d'apprécier le savoir faire des artisans qui nous explique les différentes étapes de la fabrication d'un objet en corne de zébu. Après avoir vidée la corne de sa substance sur un feu, elle est formée pour prendre la forme souhaitée, en l’occurrence un oiseau.
Les bracelets, pendentifs, cuillères et animaux exposés dans l'atelier sont vraiment magnifiques et ne coûtent que quelques euros, prix à négocier comme d'habitude.
Claudia nous conduit ensuite dans le parc de l'hôtel des thermes. A partir de la gare ferroviaire nous remontons l'avenue de indépendance vers l'hôtel réputé pour avoir hébergé le roi du Maroc, Mohammed V. Elle nous explique qu'il n'est pas autorisé de faire des photos de l'hôtel. Le parc offre une belle vue sur une partie de la ville.
Non loin de l'hôtel se trouve le cercle mixte où sont regroupé les boutiques des vendeurs de pierres.
Madagascar possède de nombreuses mines d'où sont extraites les pierres naturelles. Si certaines ont de la valeur,, diamants, rubis et émeraude, la majorité des autres pierres sont destinées à être travaillées pour être vendues aux touristes.
On trouve dans ses boutiques de très beaux objets. Les améthystes, grenats, topazes, rubis, émeraudes sont présentées en coffret, en colliers, pendentifs ou boucles d'oreille. Les œufs parfaitement polis côtoient toutes sortes d'animaux. Dans la ville, les vendeurs de rue revendent des chapelets d'éclats, bien étiquetés, plus ou moins bien retaillés.
Notre prochaine étape nous mène, en pousse-pousse cette fois, aux étals du petit marché. L'utilisation des pousse-pousse peut paraître puérile ou ambiguë pour nous autres, blancs, mais il s'agit du mode de transport local. C'est ici le gagne pain de beaucoup de monde. Les tireurs louent à la journée un pousse-pousse à un propriétaire qui possède en général un parc de ces véhicules.
Les étals du marché sont remplis de marchandises et de légumes frais produits dans les champs environnants. La gentillesse des malgaches n'ayant pas de limite, un vendeur nous explique comment il découpe en lanière et sans machine, les carottes, choux, courgettes qui sont vendus pour la confection des achards, légumes préparés au vinaigre. Dans la rue le va et vient des pousse-pousse et de chariot à bras est incessant. Les malgaches poussent des chariots de briques, de riz ou de toutes autres marchandises. Le chargement fait souvent plusieurs centaines de kilos "à la force de la volonté tout se fait".
Avant de rentrer à l'hôtel Claudia nous fait visiter une fabrique de pousse-pousse et de charrettes. Nous sommes assez surpris du prix d'un pousse-pousse, 300 000 ariary, soit environ 110 euros. Comme je demande pourquoi les gens n'achètent pas leur véhicule eux-mêmes Nirina m'explique que les "tireurs" préfèrent le louer pour un millier d'ariary à la journée. La plupart d'entre eux ne sait ni lire ni écrire. Ils sont donc incapables de régler les formalités pour obtenir une licence.