Journal de bord de Nemo de Marine

Juin 2021, balades maritimes et terrestres

La saison cyclonique débute comme chaque année le premier juin. Pour encore le train des ondes qui se lèvent en Afrique et se transforment parfois en tempêtes en traversant l’Atlantique n’a pas encore démarré. Une brume de sable couvre l’île. La distance de sortie limitée à 10km a été levée par la préfecture. Reste le couvre feu à 19h qui limite pas mal les dîners entre amis. Pour profiter de notre semi-liberté nous avons décidé de faire un peu de voile.
Nous larguons nos bouées au Lagon Bleu à 7h30 le vendredi 11 juin avec pour destination première Marie-Galante.

Quelle n’est pas notre surprise de constater que le chenal du port est bloqué par des barques de pêcheurs reliées les unes aux autres par des cordages. Après un 360° pour analyser la situation nous décidons de contourner le barrage en passant à l’extérieur de la bouée verte du chenal. Mouillé à proximité le navire de la gendarmerie veille au grain. Personne ne s’oppose à notre sortie. Les pêcheurs demandent une baisse du carburant et font grève en bloquant le port.
En mer, le vent tant en force qu’en direction ne nous est pas favorable. Toutes voiles dehors nous plafonnons à 4 nœuds. Heureusement à proximité de l’île le vent se lève un peu et nous pouvons reprendre un meilleur cap. Il nous aura fallu 5h30 sur une mer « ridée » pour arriver à Saint-Louis où nous allons rester quelques jours.

Samedi 12 juin, nettoyage du pont du voilier des miasmes du mouillage, particules d'hydocarbures de la voie rapide qui passe à proximité du Lagon.
Le moteur hors-bord de l'annexe est également cajolé et huilé, c'est notre lien avec la terre. Le parc de batteries fait l'objet de la même attention...
Ce soir la lune s'est levée tôt vers 19h30. Il fait nuit noire (normal sous les tropiques) et, comme souvent aux Antilles, elle est "souriante". C'est un Premier Quart horizontal mais ni Pierrot ni Colombine ne sont au rendez-vous!

Dimanche 13 juin, nous descendons à terre. Au ponton nous trouvons "Blancko" un loueur de voiture qui vient tous les jours de Grand Bourg quêter les rares touristes de passage, souvent des voileux pour louer ses voitures. Comme nous avons l'intention de faire un tour de l'île nous réservons un véhicule pour lundi.
En revenant vers le bourg, un jeune homme en scooter nous interpelle. Il nous demande de nous arrêter. Renée lui demande ce qu'il veut nous vendre mais il lui répond que son père a un manguier qui produit tellement qu'il donne ses mangues. Il nous donne 6 belles mangues greffées. Aux Antilles on trouve la "mango fil" petite, commune et fibreuse, la mangue greffée plus grosse et beaucoup moins fibreuse (l'excellence), la mangue julie et beaucoup d'autres.

   

Lundi 14 juin, nous récupérons notre voiture de location. Notre première étape devait être le point de vue en haut du morne de Saint-Louis mais avec la brume de sable tout le paysage est grisâtre. Nous faisons le circuit Gueule Grand Gouffre et la Caye Plate puis avant de nous rendre à Grand Bourg nous visitons les rhumeries Bellevue et Bielle.

   

A l'usine Bielle nous assistons au chargement du tapis roulant qui monte la canne vers les presses, à l'autre bout de la chaîne, après extraction du jus il ne reste que les résidus broyés: la bagasse.
Nous mangeons à la brasserie du port de Grand Bourg qui a repris ses activités de restauration. Le service est brouillon mais les plats sont bons.

Nous nous rendons ensuite à l'habitation Murat pour visiter le jardin des plantes médicinales. La sècheresse a réduit drastiquement les plants. Seuls les arbustes ont bien résistés, on trouve du roucou, un corossolier, un goyavier, un grenadier et quelques plantes chétives. Dans l'étang les tortues molokoïs restent dans l'eau et sortent leurs petites têtes pour respirer. Un héron vert "kio" guette de petites proies.
Avant de rentrer au bateau Renée pique une tête à la plage de Grand Bourg moins agitée qu'à Capesterre.

Mardi 15 juin nous levons l'ancre pour nous rendre aux Saintes. Nous prenons une bouée devant le Bourg. Le vent souffle fort dans la baie et les bateaux tirent sur leurs amarres.
Mercredi nous faisons un petit tour à terre. La plupart des boutiques sont fermées à l'exception des superettes. Pas de vente de poisson non plus. Nous trouvons des légumes et des crevettes congelées pour le flan de courgettes que Renée a prévu pour le souper. La "maison du docteur", en forme d'étrave, est en cours de reconstruction. Elle avait été détruite lors du dernier cyclone.

Jeudi 18 juin l'onde tropicale n°9 passe sur les Antilles. Elle a chassé la brume de sable mais génère de fortes précipitations et de violentes rafales de vent.
Amarrés à notre bouée nous suivons avec attention les évolutions du grand catamaran qui s'est amarré devant nous car nous ne tournons pas au vent de la même façon et parfois les coques se rapprochent.
Finalement ce sera une journée maussade, cloîtrés dans le bateau à lire et tricoter.

Vendredi après la pluie vient le beau temps, ce n'est pas encore ça mais au moins nous pouvons descendre à terre pour nous dégourdir les jambes. Au port toujours pas de poisson à la vente. Par contre le marchand de poulet boucanné a allumé son barbecue et nous lui achetons du poulet et du porc fumés à la canne à sucre, malheureusement pas de ribs aujourd'hui. En faisant le tour du village nous trouvons un des rares baobabs de la Guadeloupe. A ma connaissance il y en un au jardin de Deshaies et un autre chez un particulier au Moule.

Samedi 19 juin dans la matinée nous montons jusqu'au fort Napoléon qui domine la baie de Terre de Haut. La montée est rude mais moins longue que celle du Chameau. Le fort n'est ouvert que le matin. Pour cinq euros par adulte nous pénétrons dans l'enceinte du bastion. Le bâtiment principal au centre de la fortification est aménagé sur ses deux étages. Les salles de part et d'autre d'un couloir sont aménagées en mini-musées. On y découvre l'histoire militaire et les batailles maritimes aux Saintes. Des salles sont dédiées aux amérindiens et Christophe Colomb. D'autres salles sont réservées à la vie et la pêche aux antilles.

   

Une pièce expose les affiches publicitaires des bateaux transatlantiques. La faune marine trouve également sa place, coraux, poissons, mammifères marins, ainsi que les vertèbres d'un cachalot échoué en 2003. Des artisans locaux exposent également leurs tableaux. La gendarmerie dispose d'une pièce où on trouve, entre autres, une peinture de l'ancien poste de gendarmerie.

A l’extérieur, le sentier qui fait le tour des remparts est bordé par des agaves, aloès et cactus cultivés sur place ou offerts par les jardins de Monaco. Nous ne trouvons pas d'iguane.

Dimanche c'est la fête des pères et l'occasion d'aller au restaurant. Il y a très peu de touristes mais après avoir parcouru le bourg de long en large, les restaurants limités en nombres de tables affichent complets. Nous trouvons finalement deux places , les dernières, à "l'Annexe". Le repas est correct et le service fait dans une bonne ambiance.

Lundi 21 juin nous profitons d'une météo favorable après le passage de deux ondes tropicale pour remonter péniblement vars Marie-Galante. Nous mouillons comme d'habitude dans la baie de Saint-Louis, devant la plage de pêcheurs.
Mardi nous partons à la chasse (photos) au bihoreau, l'échassier a ses quartiers sous les raisiniers bord de mer et les palétuviers qui bordent la plage de Folle Anse où il trouve sa pitance.
Malheureusement, lorsque nous l'approchons il nous survole et disparaît dans les ramures des arbres.
En bordure de plage deux longues sculptures « bancs » réalisées dans le cadre de l'aménagement des sentiers de la Guadeloupe sont disposées à proximité des carbets.

Mercredi 23 juin nous faisons une nouvelle tentative pour trouver l'échassier qui nous a snobé la veille.
Nous remontons prudement le long de la plage qui mêne à l'embarcadère de chargement des barges qui transportent le sucre vers l'île mère. Nous avons de la chance car nous trouvons rapidement l'échassier. Tout occupé à avaler un crabe qu'il vient de capturer il se laisse photographier. Le crabe à peine avalé le bihoreau violacé aussi appelé crabier gris s'élance à la recherche de nouvelles proies sur la plage.


La suite...

 


.