Journal de bord de Nemo de Marine

En route vers les Grenadines, mars 2020 - Confinement.( Page 2 - Page 3 )

Samedi 22 au vendredi 28 février, en Guadeloupe c'est une semaine de fête, du lundi au mercredi qui clôture le carnaval. Vaval est brûlé et renaîtra de ses cendres l'année prochaine.
Nous nous installons sur le voilier pour faire les derniers préparatifs avant le départ, vérifications techniques, ravitaillement et choix des routes.

Marie-Galante

Cette année nous avons décidé d'établir notre "camp de base" en Martinique où nous embarquerons nos invités pour naviguer ensuite d'îles en îles vers les Grenadines et les Tobagos Cays.

Samedi 29 février, premier mouillage à l'îlet Gosier. La météo annonce pétole nous reportons notre départ à dimanche.

Marie-Galante

Dimanche 1 mars, départ de l'îlet Gosier pour une escale à Marie Galante.
La navigation se fait toutes voiles dehors par petit vent, petites pluies et brefs moments de pétole.

Lundi, mardi, météo pluvieuse, nous profitons du mouillage pour inspecter la coque et ôter les coquillages accrochés sur l'hélice.
Renée photographie le coucher de soleil sur les Saintes, sous un ciel plombé.

Dominique

Mercredi 4 mars, nous levons l'ancre à 8h pour une étape à la Dominique, 27 Mn. La traversée du canal se passe bien, vent constant, pas de rafale et une mer peu agitée autour de 1,50, un velours. Le front positionné sur la Dominique passe finalement devant le voilier et nous évitons la pluie. A Prince Rupert Bay, devant Portsmouth le comité d'accueil est là mais nous devrons prendre une bouée sans l'aide habituelle des boats-boys. Il est vrai que nous avons décliné une ènième visite de la rivière indienne et de la cabane de Calypso (voir pirate des Caraïbes).

Dominique

Jeudi 5 mars, départ de la Dominique à l'aube pour rallier St Pierre au nord de la Martinique, à 56 Mn. Le long de la côte sous le vent de la Dominique il n'y pas de vent, c'est donc au moteur en compagnie d'autres voiliers que nous descendons jusqu'à Roseau. Dans le canal par contre le vent est bien établi. La mer n'est pas trop formée, moins de 2 mètres, et la traversée se passe bien. Arrivée au nord de la Martinique les montagnes coupent le vent et les ravines provoquent des rafales violentes. Finalement c'est un peu galère pour arriver à Saint Pierre. Devant la plage où nous avons coutume de mouiller avec au plus deux ou trois voisins nous avons la surprise de voir que de nombreux voiliers ont jeté l'ancre. Nous trouvons une place par dix mètres de fond.
Vendredi 6 mars, comme souvent à Saint Pierre les nuages s'amoncellent sur la ville. L'activité du jour: nettoyage, baignade, petites bricoles et repos.

Dominique

Samedi 7 mars, un saut de puce de 4 heures nous mène de Saint Pierre à la petite Anse d'Arlet. Les rafales dans la baie de Fort de France nous permettent d'avancer un peu à la voile.
La pieuvre accrochée au bout de la traîne n'a pas tenté le plus petit poisson, donc, toujours pas de poisson frais au menu...
Dans la baie, des bouées ont été installées mais elles n'ont pas d'anneau ni de bout flottant avec oeil pour passer une amarre; du coup les voiliers sont toujours au mouillage sur ancre.

Anse Arlet     Anse Arlet     Anse Arlet

Le mouillage, le marché artisanal et une case originale.

Dimanche 8 mars, nous descendons à terre pour la première fois depuis une semaine. Nous nous rendons au marché artisanal où nous achetons du poulet boucané, des bananes plantains et autres fruits et légumes. Dans le bourg il n'y a que deux petites épiceries qui n'offrent pas grand chose.

Eglise

La belle église, image de carte postale dans ce lieu touristique fait face au ponton.
Entre les prochaînes élections et la célébration de la journée de la femme il y a une grande activité à terre. Des voitures équipées de hauts parleurs défilent bruyament suivies du cortège des véhicules des soutiens au candidat.
Un rassemblement de femmes, certaines vêtues de vêtements roses dessinent une fresque indéchiffrable sur le large ponton devant le bourg.
A midi nous allons chercher Benoît, un neveu qui travaille en Martinique. Il vient manger à bord et passer une partie de la journée avec nous. Nous observons que les tortues, depuis qu'elles ne sont plus chassées, sont nombreuses dans la baie.

Lundi 9 mars, farniente.

Mardi 10 mars, nous levons l'ancre pour descendre vers Sainte Anne en tirant un long bord et un virement interrompu brutalement par un vilain grain et un vent localisé de plus de 30 noeuds. Nous mouillons devant le domaine Caritan où un petit ponton flottant permet le stationnement des annexes. Sous le restaurant il y a une laverie automatique bien pratique.

Pompe

Mercredi au vendredi 13 mars nous nous rendons à pied au village de Sainte Anne pour faire quelques courses.
Jeudi nous récupérons une voiture de location pour refaire le plein des bidons de gasoil. Nous nous rendons également au Marin chez mécanique plaisance pour acheter les pièces nécessaires à l'échange de la pompe d'eau douce qui fuit. Sur le moteur Prima 50 il faut déposer l'ensemble de la distribution, la courroie et les poulies pour avoir accès à la pompe...
Nous attendons en soirée l'arrivée de nos premiers invités Patrick et Joëlle.

Samedi 14 mars, sortie gros ravitaillement au super marché du coin, pour une dizaine de jours et six personnes, boissons, conserves, et petits plus... le frais se fera au jour le jour. Pour la pêche pas grand espoir mais on ne sait jamais...
Journée tranquille en famille, baignade.

Boutique

Dimanche 15 mars, sortie à terre en groupe pour visiter le bourg de Sainte Anne.
Le chemin passe devant un ancien four à chaux et une boutique artisanale où un rasta expose de beaux tambours (gwo ka).
Les filles font le tour du marché et achètent du thon frais ainsi que des accras pour le repas de midi (les boudins créoles sont réservés pour le soir). Les garçons vont au snack du coin qui possède un PC où on peut faire les clearances. Nous faisons donc notre sortie pour l'île voisine de Sainte Lucie.
A midi repas créole: thon mariné et bananes plantains agrémentés de sauce créoline légèrement pimentée.

Soleil

L'après-midi est consacrée à la baignade et plus sérieusement à passer en revue, avec l'équipage, les consignes de sécurité sur le voilier.
Alex photographie un magnifique coucher de soleil sur le diamant.
En soirée les occupants du catamaran mouillé devant nous mettent la musique à donf et entreprennent d'énerver le propriétaire d'un bateau voisin qui leur a demandé de baisser le son. Ceux du catamaran Cartouche III, bien bourrés, éblouissent le bateau du mécontent avec leur projecteur. Soirée Son et Lumière !
Finalement au moment de nous coucher (nous sommes sous le vent du cata) Christian sort son propre projecteur pour éclairer le catamaran et hurle aux exités de cesser leur bordel. Après nous avoir dit que nous n'aimions pas la musique, nous sommes invités, par une voix bien avinée à boire un coup... Toutefois ils obtempèrent, arrêtent la musique et le calme revient sur le mouillage.

Voilier

Lundi 16 mars, hier, Alex qui parle anglais couramment a téléphoné à la marina de Marigot pour savoir si il n'y avait pas restriction d'entrée par rapport au covid-19. A priori il ne devrait pas y avoir de problème.
Le loueur de voiture par contre nous a annoncé la fermeture du club med en Martinique.
Nous partons pour Rodney Bay à Sainte Lucie en début de matinée. Nous traversons le canal au moteur, vent à 3 kts.

Voilier

A l'arrivée Alex hisse le pavillon de courtoisie aux couleurs de Sainte Lucie et le pavillon jaune pour la douane.
Nous avons à peine jeté l'ancre que le vendeur de fruits et légumes local vient nous proposer sa marchandise. Nous lui achetons des bananes, mangues, pamplemousses.
Gregoire, qui parle très bien français, repart satisfait de la transaction.
Les pamplemousses serons consommés en salade avec de l'avocat et des crevettes.

Document

Pour la clearance nous laissons l'équipage à bord comme de coutume. Arrivée dans le bureau de douane on nous demande de nous rendre au rez de chaussée où se trouve un petit bureau avec une infimière qui nous indique qu'elle veut voir tout l'équipage. Nous retournons donc à bord pour débarquer tout le monde. Nous passons tous un test de température. Comme personne n'a de fièvre nous obtenons notre "time pratique granted" pour pouvoir faire nos formalités d'entrée et de sortie.

Rodney

Mardi 17 mars, suite à l'information de l'arrêt des vols à la date du 22 mars nous décidons de rentrer en Martinique où nos invités vont s'atteler à trouver une solution de retour dans l'hexagone. Nous prenons toutefois le temps de faire une excursion jusqu'au fort Rodney qui domine la baie. Nous devons payer 10$ par personne pour avoir l'accès au parc. La montée vers le fort est raide mais pas très longue. De la plateforme il y a une belle vue sur la mer et la baie. Il est vrai que se site était un point d'observation pour repérer les navires ennemis.
Après un repas frugal nous levons l'ancre pour rallier Sainte Anne en Martinique. Le vent bien que faible nous est favorable. Les fous piquent devant l'étrave pour attraper les poissons volants qui surfent sur les vagues à l'approche du voilier. Nous croisons des dauphins mais ils ne s'attardent pas autour du voilier.
A la traîne, toujours rien !

Attestation

Mercredi 18 mars, c'est la galère pour nos invités car le site Air France est saturé. Les loueurs de voiture ont pour consigne de ne plus faire de location. Pour aller à l'aéroport, une seule solution: le taxi. Pour le retour Benoît prête gentiment sa voiture pour motoriser la famille.
Aux dernières nouvelles les étrangers n'ont plus le droit de débarquer sur l'île de Sainte Lucie.
Deux de nos invités se rendent à l'aéroport pour changer les billets d'avion. Ils souhaitent rentrer plus tôt car ils craignent une interruption des vols. Lors de leur retour de Fort de France vers Sainte Anne ils seront contrôlés et "réprimandés" car ils n'ont pas rédigé leur attestation de circulation.

famille

Vendredi 20 mars, confinement à bord. Munis de leur auto-autorisation de sortie Alex et Patrick se rendent au carrefour du Marin pour trouver des légumes, des fruits et des vivres fraîches que l'on pourra conserver deux ou trois jours dans notre petit frigo.
L'hélicoptère de la gendarmerie fait sa ronde quotidienne le long de la plage. Les contrevenants se cachent sous les arbres mais le zodiac ne tarde pas à arriver pour inspecter les lieux.
Nous varions les techniques de pêche sans grand succès.
Avant l'apéro du soir nous nous détendons autour d'un jeu de scrabble ou de dés.
Heureusement que nous avons une grande piscine autour du voilier et que l'ambiance est bonne car six personnes dans 20m²...

famille

Samedi 21 et dimanche 22, rien de nouveau à bord, la journée se passe au rythme des baignades et des jeux de société. La bouée de plongée est de sortie ce qui permet de nager un peu plus loin du voilier en toute sécurité. Les nageurs explorent les environs (ce n'est pas une tentative d'évasion). Dans l'eau il n'y a pas grand chose à voir. De tout petits poissons nagent au milieu des patates de coraux morts. Il y a tout de même quelques étoiles de mer, des concombres de mer, des oursins noirs aux piquants longs et pointus ainsi que des gorgones pas très en forme.

Fond marin     Fond marin     Fond marin

Fonds marins.

arrêté

Le boulanger a la bonne idée de faire le tour du mouillage en annexe pour vendre pains et croissants.
Pour le reste, nous suivons scrupuleusement les consignes de l'arrêté préfectoral portant réglementation temporaire de la navigation dans les eaux territoriales et intérieures françaises de la zone maritime Antilles au titre de la lutte contre la propagation du virus covid-9.

Titine

Lundi 23 mars, la partie de scrabble de l'après midi est interrompue par le spectacle d'une baleine qui fait des sauts à l'entrée de la baie du Marin. Elle est accompagnée d'un baleineau. Les cétacés sont malheureusement trop loin pour que nous fassions des photos.

Poule

Mardi 24 mars, opération bagages, nos invités sont dans les starting blocks. L'avion de retour est prévu à 19h00. La capitaine de l'annexe fait les rotations avec Titine pour débarquer les passagers qui se rendent à l'aéroport, munis de leur auto-autorisation, avec une voiture généreusement prêtée.
Joëlle nous laisse en souvenir une petite cocotte girouette, plutôt mignone.

Mercredi 25 mars, grande lessive à la laverie automatique de Caritan. Tout le monde respecte la distance de sécurité.
Après-midi grattage de la coque car les algues se sont intallées le long de la ligne de flottaison qui est devenue verte.

Raie

Jeudi 26 mars, au petit déjeuner que nous prenons au soleil dans le cockpit nous apercevons une tordue venue respirer en surface.
Le boat-boulanger nous vend une baguette, avec le prix du déplacement nous l'achetons pour 1,80€. Il transporte aussi quelques paquets de pâtes, de riz et autres produits secs donnés par un voilier voisin pour distribution gratuite. Nous nous laissons tenter par un paquet de polenta.
En nageant autour du voilier, notre exercice quotidien, Christian observe une raie. Comme elle fouille le fond à la recherche de nourriture elle se trouve dans un nuage de sable et de corail. La photo ne représente que l'ombre de la raie, seule sa longue queue dépasse.

Mouillage

Dans l'après-midi les gendarmes font le tour des bateaux. Ils traquent les voileux qui se rendent à la plage avec leur annexe. Des kayakistes sont également controlés.
Il ne nous reste plus qu'à faire des tours du voilier et compter les étoiles de mer et les oursins noirs.
Heureusement la descente à terre pour le ravitaillement, avec le document de circulation, est toujours autorisée.

Mouillage

En soirée nous avons souvent droit à un petit grain. Les derniers rayons de soleil illuminent la grisaille et les voiliers mouillés dans la baie du Marin devant Sainte Anne.
Se pose alors la question: apéro dans le cockpit ou à l'abri dans le carré ?

Vendredi 27 mars, journée tranquille, petit sport quotidien autour du voilier. A 20h sur le mouillage ce ne sont pas des bravos qui retentissent comme aux balcons des villes, les marins sortent leur corne de brume et c'est un concert de pouëts pouëts et autres sirènes qui résonnent dans la baie. Cette ambiance rappelle plutôt une finale de match de foot...
A la tombée de la nuit la canne à pêche est de sortie. Le montage consiste en une plombée de trois hameçons garnis de peau de poulet boucanné. La ligne restera à l'eau toute la nuit.

Mamie

Samedi 28 mars, les poissons ont dédaigné le poulet boucanné, les appâts sont intacts.
Le boulanger nous apporte une baguette et nous informe qu'un pharmacien fera le tour des voiliers pour récupérer les ordonnances des gens qui ont besoin de médicaments. Il suffit pour cela d'appeler sur le canal 15 et de hisser le pavillon jaune.
Sur le canal 8 de la VHF deux voiliers diffusent en français et en anglais des messages d'information et d'entraide pour les voiliers au mouillage. Nous apprenons que le ponton de la marina du Marin fonctionne mais annonce ne pas pouvoir fournir plus de huit voiliers par jour en eau. Pour ceux qui n'ont pas de dessalinisateur c'est la course à cette ressource indispensable.
Nous apprenons que si les gendarmes n'acceptent pas le débarquement en annexe sur la plage nous pouvons tout de même faire notre sortie de 1km à partir du ponton.
A bord, vive les datas pour les informations et les replays (décalage horaire). Entre deux baignades, Papi blogue et Mamie tricote un pull d'été pour les petits enfants Mamie.

Marché

Dimanche 29 mars, la doudou bretonne a des envies de crêpes au blé noir. Nous nous rendons à pied jusqu'au bourg pour chercher le fromage qui nous manque à bord.
Sur le chemin les crabes s'en donnent à coeur joie. Ils profitent du peu de circulation pour sortir tranquillement en plein jour.
Le village est pratiquement désert. Pas de queue au petit super marché où nous trouvons ce qu'il nous faut pour notre soirée crêpes.
Un papi s'est installé sur le trottoir avec quelques fruits et légumes du terroir. Les melons sont excellents, parfumés, juteux et sucrés.

Marché

Le marché aux poissons est ouvert les pêcheurs découpent des tranches de marlin pour les quelques clients qui patientent en respectant la distance de sécurité. Nous profitons de l'occasion pour acheter du poisson frais. Ca va nous changer du thon en boîte.
Au retour nous avons la chance d'avoir une connexion vidéo avec les enfants, les petits enfants et une partie de la famille. Tout va bien, ça fait plaisir d'avoir de bonnes nouvelles.

Marché

Comme le poulet boucanné et le maïs ne fonctionnent pas pour la pêche, nous refaisons notre palangre avec des petits bouts de marlin. Peu de temps après le fil file sous la jupe. Nous avons pris une petite carangue. Elle va nous servir d'appât pour notre future pêche.
Nous nous installons dans le carré et Renée nous fait des crêpes jambon, oeuf, fromage. Nous nous régalons.

Eau

Lundi 30 et mardi 31 mars, comme nous avons du soleil et du vent, donc de l'énergie, nous en profitons pour faire de l'eau douce, une partie en bouteille et un peu dans les cuves.
Selon les informations que nous captons sur le canal 8 de la VHF le mouillage de la baie de Sainte Anne est saturé. Les habitants du village font pression sur les autorités et dénoncent le "comportement" des équipages de voiliers qui sont tous des "étrangers" qui apportent la maladie.
On nous recommande de rester aimables avec la population locale pour que la situation ne dégénére pas. A Marie Galante en Guadeloupe les maires qui avaient signé un arrêté pour interdire les mouillages et chasser les voilers ont été déboutés par la justice. Dans les îles, si la situation perdure, il va devenir difficile de descendre à terre pour s'approvisionner.

 


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