Nemo de Marine, saison cyclonique 2017

Journal de bord

Septembre 2017

irma

Samedi 2 , nous nous attelons au désarmement du voilier.
A l'est, sur l'Atlantique une perturbation aux allures de tempête tropicale est requalifiée cyclone dans la semaine. L'ouragan Irma se renforce et la trajectoire étudiée par le National Hurricane Center (NHC) le fait passer sur la Guadeloupe.
Les vents ne cessent de se renforcer. Le fichier grib annonce déjà des vents à 90 noeuds près de l’œil du cyclone. (voir le fichier grib grib).

Le génois est déposé, s'il se déroule intempestivement il représente un vrai danger pour le bateau. Tout le matériel de pont qui peut être mis à l'abri est rangé dans le carré.

amarres

Les propriétaires de voiliers ont dévalisé les marchands de pneus pour récupérer les pneus usagés. Habillés de vieux t-shirts ou de sacs poubelles ils seront utilisés pour compléter la protection des flancs des bateaux. Les pare-battages sont fixés sous la coque pour qu'ils ne volent pas.

Les amarres sont doublées et fixées aux taquets et aux winchs. Ben, plongeur de port a manillé une de nos amarres d'étrave sur le corps mort de la bouée d'amarrage.

amarres

Nous n'avons pas besoin de ferler ou déposer la voile car elle est roulée dans le mât. La bôme est arrimée sur le pont.
L'annexe à fond rigide ne peut être rentrée dans le voilier, elle est saucissonnée sur le pont. La jupe est protégée des riques de chocs sur le quai par deux pare-battages et un pneu.
Le voilier est ensuite éloigné du quai. Nous faisons en sorte d'avancer suffisamment sur la bouée d'étrave pour que notre mât soit en avant des mâts des voiliers voisins. Cette opération permet d'éviter le "tricotage" des mâts lors de l'arrivée de la houle.

amarres

Nous débarquons en passant sur un voilier qui ne s'est pas encore éloigné du quai.
Nous allons passer le week-end dans notre studio au Moule, où nous nous calfeutrerons pendant le passage de l'ouragan Irma. Aux dernières nouvelles il devrait passer au nord de la Guadeloupe dans la nuit de mardi à mercredi.

Mardi 5 septembre, le studio est face à la mer à 80m de la plage. Dans l'après-midi le vent s’établit et la mer monte lentement. Petit à petit les vagues viennent lécher la clôture de la résidence.
A 18h15 la nuit tombe. Le bruit des vagues et du vent est assourdissant, paradoxalement il pleut très peu.

Le lendemain, l'ouragan Irma est passé dans la nuit au nord de la Guadeloupe. Il n'a pas occasionné de dégât sur l'île. Il se dirige maintenant vers les îles du nord.

Jeudi 7 septembre, retour au voilier.
Le 9 septembre l’œil du cyclone Irma passe sur les îles du nord. Les infrastructures de l'île de Saint Martin sont en grande partie détruites, le port de Marigot est entièrement dévasté.

maria

Dans la semaine nous surveillons de près l'activité cyclonique en atlantique sur le site du NHC (National Hurricane center). Deux phénomènes majeurs se développent. L'ouragan José zigzague en remontant vers le nord.
Le plus inquiétant est le cyclone Maria qui prend de l'ampleur et se dirige vers la Guadeloupe.

Dimanche 17 septembre, nous abrégeons notre séjour au Moule pour désarmer une nouvelle fois le voilier. A la marina il y une grande activité. Échaudés par les images de Saint Martin les propriétaires de voilier rajoutent chaînes et amarres. Certains jettent une ancre à l'avant de leur bateau.

maria

Lundi 18 septembre, nouveau repli au Moule. Les nouvelles sont mauvaises. La trajectoire de Maria va croiser La Dominique, l'archipel des Saintes, Marie Galante et la Basse-Terre en Guadeloupe. Le niveau rouge cyclonique et déclaré dans l'après-midi.
Cette fois les gens prennent le danger au sérieux, ils s'activent pour protéger leur habitation et faire les derniers achats d'urgence.
J'ai ramené la passerelle du voilier pour renforcer le rideau métallique du studio.

maria

En soirée le vent se renforce. La mer devient grise et bruyante, les rouleaux déferlent sur la barrière de corail. La pluie commence à tomber. Elle passe horizontalement dans les branches des arbres malmenés par de puissantes rafales. Toute la nuit les tôles du bâtiment résonnent sous les trombes d'eau et les bourrasques.
Mardi, au petit matin nous prenons les premières nouvelles par la radio. Le réseau internet et téléphonique est coupé. Par chance nous avons toujours de l’électricité et de l'eau. L'usine de production de l'eau sera arrêtée le lendemain pour la semaine.
Il pleut encore beaucoup. Dans l'après-midi Renée sort explorer les environs de l'immeuble.

Autour de la propriété il n'y a que des dégâts mineurs, des arbres déracinés ou cassés. L'eau ne s'est pas encore évacuée. Un arbre du voyageur a entraîné un pylône électrique dans sa chute.
Nous apprenons que Les Saintes sont très durement touchées. Jarry et la Basse Terre ont également subi des inondations. Les voies de circulation sont bloquées par des arbres déracinés. En Basse terre la houle continue à saper le littoral. L'île voisine de La Dominique est une nouvelle fois dévastée.
Après le passage de Maria le niveau d'alerte est passé de "violet" à "gris". Le danger s'éloigne mais la population est invitée à rester confinée pour laisser travailler les secours et les équipes qui dégagent des routes. Les auditeurs de radio Guadeloupe témoignent des dégats, demandent de l'aide ou des nouvelles de leurs proches.

A midi le niveau gris est levé, nous en profitons pour rentrer à bord. Les routes ne sont pas totalement dégagées et il faut contourner des arbres qui n'ont pas encore été tronçonnés.
A la marina, la houle a bousculé les bateaux qui ont bien résisté. Dans la nuit, un ponton flottant, qui menaçait de lâcher, a dû être consolidé par les marins restés à bord.
Au mouillage de Saint François (ci-dessous) des voiliers se sont échoués sur la côte ou ont été coulés.

De retour à Pointe à Pitre nous remettons le bateau dans sa version habitable. Nous espérons que le reste de la saison sera plus calme.